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We post stories about the the Great 3.11 Disaster that occurred in Northern Japan in 2011.

Renaissance et espoir économique sur les côtes Japonaises dévastées par le Grand Tsunami du 11 mars dernier

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Ofunato, le 31 août 2011, Nathalie-Kyoko Stucky

Au marché au poissons de Ofunato, Madame Shoko Tada, 52 ans, a un sourire aux lèvres ce matin. Depuis 6 heure du matin, elle est une des rares femmes affairée dans le hall du marché aux poissons de Ofunato, cette ville qui a été dévastée il y a six mois par le grand Tsunami qui a ravagé la côte nord du Japon: “Je suis heureuse d’avoir retrouvé un travail ici”. Ce matin, un bateau de pêche venu de Hokkaido leur a livré une cargaison de poisson “sanma”, des poissons-couteaux du Pacifique, fins et brillants comme des lames d’argents, très appréciés au Japon à cette saison.

Il y a six mois, le Japon tout entier a vécu un désastre humanitaire qui a été décris comme étant le plus grand traumatisme national depuis la deuxième Guerre mondiale. Des milliers de personnes ont perdus leur vie lors de cette catastrophe, et encore aujourd’hui, on ne connaît pas le nombre exacte de disparus. Combinés avec l’accident nucléaire de Fukushima, qui n’est lui non plus pas encore entièrement résolu, la nation toute entière vit dans une peur constante que le gouvernement ne lui annonce une autre mauvaise nouvelle. L’ancien Premier Ministre Naoto Kan a dû céder sa place il y a une semaine à l’ancien Ministre de la Finance, Yoshihiko Noda, parce que son cabinet n’avait pas su prendre en main la situation. Depuis le mois de mars dernier, bien que la situation se soit bien améliorée à Tokyo, cette mégalopole jadis connue pour ses néons et ses “conbini” ouverts 24 heures sur 24, permettant au consomateur de se satisfaire à n’importe quel moment de la journée, est devenue bien plus modeste, et la fureur lumineuse s’est bien éteinte. Les habitants du Japon font face à une grande crise économique et environementale qui les a poussé à apprendre à économier l’energie et à trouver un moyen de ne plus dépendre de l’énergie nucléaire. Partout dans les métros souterrains ou dans les lieux publiques, on pratique le “setsuden”: les trains circulent un peu moins fréquement à certaines heures, afin de permettre aux usines de fonctionner durant les heures cruciales de la journée.

Le grand tsunami qui a ravagé le port de Ofunato le 11 mars dernier a aussi eu un grand impact sur l’industrie du poisson dans cette région. La plupart des bateaux de pêches ont été emportés par le tsunami: “Nous ne vendons que la moitié de ce que nous gagnions avant le tsunami”, nous dit-elle avec un peu de timidité dans la voix. La peur de la présence de poissons radioactifs dans la régions avait également conduit les consomateurs Japonais et étrangers a boycotter les produits de mer pêchés dans cette région du nord.

Le marché aux poissons de Ofunato s’était retrouvé 15 mètres en dessous du niveau de l’eau le 11 mars 2011, mais avec l’aide d’une centaines de travailleurs bénévoles et le courage des survivants de la région, les pêcheurs ont pu remettre sur pied le port de Ofunato depuis le mois de mai.

Monsieur Kazuushi Nagazawa, 59 ans, un responsable du port de Ofunato dont les deux enfants travaillent à Tokyo nous dit qu’environ “dix pourcent des pêcheurs aujourd’hui sont venus de Rikuzen Takata au port de Ofunato”. Le port de Takata n’étant pas encore reconstruit, les travailleurs se partagent le travail qu’il y a au port de Ofunato: “Ces poissons-couteaux du Pacifique (sanma) sont pêchés dans les eaux proches de la Russie, à Hokkaido où ils sont vendus à leur plus bas prix. Mais vendus ici, plus au sud, leur prix augmente d’environ 20 à 30%, et sont distribués à Iwate, Miyagi puis dans le Kanto et à Tokyo”. En pointant du doigt un document officiel affiché sur l’un des murs débridés du port, Monsieur Nagazawa nous dit que les consomateurs de Tokyo ne sont plus aussi paranoiaques concernant le taux de césium que pourraient contenir les poissons: “Les authorités contrôlent la radioactivité présente sur nos poissons une fois toutes les deux semaines, en mer, et nous indiquent que le taux ne dépasse pas la limite légale de radioactivité”. “De plus ces poissons-couteaux sont pêchés bien loins des eaux proches de la zone du désastre nucléaire de Fukushima”.

En utilisant le port de Ofunato, les marchants de Hokkaido peuvent économiser la moitié de leur essence et coûts de transport en vendant leur poissons-couteaux du Pacifique dans cette région qui est plus proche en distance que d’autres ports situés plus au sud.

La renaissance du marché aux poissons de Ofunato permet aussi aux habitants et aux travailleurs de la mer de Rikuzen Takata et Ofunato, de retrouver du travail dans cette zone où le tsunami a ravagé toute la côte connue pour ses magnifiques pins rouges (matsu no ki). Monsieur Nagazawa nous dit qu’eviron 10% des 300 à 400 personnes qui travaillent au marché au poissons aujourd’hui viennent de Rikuzen Takata: “Nous autres, de Ofunato, nous les avons accueilli dans notre port afin de leur permettre de se reconstruire”.

Monsieur Azuma Higashi, un capitaine de bateau, 62 ans, nous parle du courage des hommes de mer en exhibant les muscles saillants de ses bras: “Nous les marins, nous sommes des hommes durs, nous n’allons jamais nous laisser abattre”. “Environ 80% des bateaux ont été détruits ici, j’ai vu le mien tournoyer dans un tourbillon d’eau quand le tsunami est arrivé, mais il est resté intacte. J’ai beaucoup de chance, d’habitude, je prie énormément les dieux de la mer, c’est pourquoi je pense qu’ils ont épargné mon bateau et ma vie”.

Monsieur Nagazawa nous dit que beaucoup de marins ont réussi à se sauver à temps du tsunami, parce qu’ils savaient instinctivement ce qui allait se produire dans les minutes qui allaient suivre le tremblement de terre et la violence avec laquelle la mer allait les engloutir. “Mais beaucoup de victimes qui travaillaient en ville étaient sûrs que le tsunami n’allait pas les atteindre où ils se trouvaient, aussi loin à l’intérieur des terres”. Pour reconstruire des nouveaux bâtiments dans les alentours du port de Ofunato, les authorités locales ont l’intention de rajouter de la terre sur le sol dévasté, puis reconstruire sur environ deux mètres de hauteurs en plus qu’auparavant. Les habitants de la région sont maintenant inquiets de la saison des typhons qui sont violents à cette saison de l’année.

Nathalie-Kyoko Stucky, au port de Ofunato, le 31 août 2011

Written by Nathalie Stucky

October 4, 2011 at 12:12

Posted in 3.11, Humanitarian

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